Rencontres d'artistes.
Chaque semaine, je rencontre un artiste et vous fais découvrir son univers!
Ségolène Thuillart est une femme dont le travail peut prendre plusieurs formes. Elle peut être crieuse dans le 18 ème,un projet qu’elle à mis en place avec le collectif Curry Vavart. Elle peut être performeuse, poétesse et publier des livres d’artistes. Son terrain de jeu est dans le langage et tout les trous qu’il crée, tous les échanges aussi. Elle présente son édition nommée « 464 jours calendaires » le 1er février 2019 à la galerie Metaxu à Toulon.
”J'ai choisi d'être artiste par élimination.
Ségolène ThuillartArtiste performeuse
Ségolène Thuillart est devenue artiste par élimination. C’est en choisissant son avenir professionnel, qu’elle a décoché les cases de la fiche d’orientation professionnelle :
-Commercial, -scientifique, -littéraire, etc.
Quand elle entre en école d’art, elle cherche sa voie et affirme que ce qu’elle y a trouvé c’est l’ouverture d’esprit, bien sûr, mais la fermeture aussi. Et cette fermeture a continué à fermer des portes inutilement ouvertes, à la définir en creux. Ses expérimentations évoluent quelque part entre la performance, la poésie et le langage.
Dans une vidéo de sa chaine Youtube, on la voit chanter « joyeux anniversaire » au ministère français de la culture pour ses 60 ans. Cette vidéo m’a fait sourire et je me suis demandé si c’était cynique, ironique ou tendre.
C’est que son travail saute d’une case à l’autre ; coche et décoche. Finalement on est toujours, en tant qu’artiste, dans l’entre deux. De la même manière que le sens singulier est toujours entre deux lettres.
Ségolène Thuillart est une artiste qui jongle avec les mots et leurs significations. Sa démarche artistique est un kaléidoscope qui diffracte le langage en diverses formes. Elle est tantôt la crieuse de Paris, tantôt performeuse ou s’adonne à la poésie sonore théâtralisée.
Son travail évolue comme un dictionnaire plastique qui est en perpétuelle expansion. Un peu comme lorsqu’on cherche la définition d’un mot, puis d’autre mot dans cette définition, puis un autre, puis un autre. Ou bien comme un enfant qui demande : « Et pourquoi? » après chaque réponse que vous lui apportez. Jusqu’a ce que quelqu’un lui réponde : « Eh bien parce que c’est comme ça ! ». Pas très Montessori comme réflexion, mais diablement efficace.
Ségolène a accepté de répondre à quelques questions pour Pigeons & hirondelles.
"Frappé d'invisible" édition imprimée et frappée sur presse typographique, Format A5, 4 pages, tirée à 50 exemplaires. "Frappé d'invisible" laisse apparaitre avec subtilité la pauvreté de langage administratif.
– Quelle est la dernière expo ou découverte artistique que tu as trouvé inspirante?
J’ai apprécié la performance et l’installation de Oliver BEER à la galerie Thaddaeus Ropac (exposition en cours dans la galerie du Marais).
– Quel artiste as-tu le plus fait découvrir autours de toi? pourquoi?
Guy de Cointet. Car il a réussi à faire une « oeuvre d’art totale » en créant ses performances/pièces de théâtre.
– Quels sont les artistes qui ont influencé ta manière de penser et de créer?
Guy de Cointet, Gherasim Luca, Bernard Heidsieck, Michelle Métail et Anne-James Chaton.
Je me rend compte qu’il y a beaucoup de poètes dans cette liste. Moi je me situe un peu ailleurs…
– Quels sont les mauvais conseils que tu as reçus en école ou au début de ta carrière?
L’art c’est comme la Star Académie : « t’en veux ou t’en veux pas ! Alors t ‘en veux????? »
Phrase étrange prononcée par un Galeriste quand j’étais encore étudiante aux Beaux-arts.
– Quel conseil donnerais-tu a un étudiant qui veut lancer sa carrière artistique?
Je lui dirais de ne pas chercher pas à lancer sa carrière, mais d’arriver d’abord à rattraper ses idées au vol.
– Que fais-tu quand tu es bloquée, que tu doutes de ton travail ?
Je sors de chez moi et je me balade. La réponse est dans la confrontation au réel, dans un regard, dans la phrase de mon voisin dans la métro, dans une file d’attente.
– Y a t’il quelque chose d’un peu fou dont tu es seule à être convaincue?
Que le ciel, la page et le sol sont les parties d’un même élément qui aurait une forme de sablier : ils sont tous les trois des espaces de projections liés les uns aux autres.
– Aujourd’hui, quelle serait ta définition de l’art?
« L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art. » C’est une phrase de Robert Filliou.
– Si tu devais expliquer ton travail à des enfants de 4 ans, que dirais-tu?
Je suis un archéologue de la phrase, un détective du souffle, un poète de la mécanique humaine.
Crédit photographique : Alexandre Minard
Ségolène présentera son édition lors de l’évènement PRJNT °2 à la galerie Métaxu. Entre le 1er et le 2 Février 2019, cette galerie organise un atelier, un espace temps où l’on fabrique des fanzines et des petites éditions.
Pendant deux Jours, Metaxu se transforme, en un lieu de travail ouvert à tous les artistes, graphistes et aux étudiants de l’ESADTPM, un lieu où chacun revisite l’envie d’imprimer, faire la page, agrafer, coller, assembler, collaborer, discuter des formes… 😀
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Crédits photographiques:
Portrait de Ségolène Thuillart :créditphoto Céline Nebor
Performances : créditphoto Alexandre Minard
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