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janvier 2019

L'artiste performeuse Ségolène Thuillart

Ségolène Thuillart

Ecrit par | Interviews d'artistes | Aucun commentaire
Rencontres d'artistes.

Chaque semaine, je rencontre un artiste et vous fais découvrir son univers!

 

Ségolène Thuillart est une femme dont le travail peut prendre plusieurs formes. Elle peut être crieuse dans le 18 ème,un projet qu’elle à mis en place avec le collectif Curry Vavart. Elle peut être performeuse, poétesse et publier des livres d’artistes.  Son terrain de jeu est dans le langage et tout les trous qu’il crée, tous les échanges aussi. Elle présente son édition nommée « 464 jours calendaires » le 1er février 2019 à la galerie Metaxu à Toulon.

J'ai choisi d'être artiste par élimination.

Ségolène ThuillartArtiste performeuse

Ségolène Thuillart est devenue artiste par élimination. C’est en choisissant son avenir professionnel, qu’elle a décoché les cases de la fiche d’orientation professionnelle :
-Commercial,        -scientifique,          -littéraire, etc.

Quand elle entre en école d’art, elle cherche sa voie et affirme que ce qu’elle y a trouvé c’est l’ouverture d’esprit, bien sûr, mais la fermeture aussi. Et cette fermeture a continué à fermer des portes inutilement ouvertes, à la définir en creux. Ses expérimentations évoluent quelque part entre la performance, la poésie et le langage.

Dans une vidéo de sa chaine Youtube, on la voit chanter « joyeux anniversaire » au ministère français de la culture pour ses 60 ans. Cette vidéo m’a fait sourire et je me suis demandé si c’était cynique, ironique ou tendre.
C’est que son travail saute d’une case à l’autre ; coche et décoche. Finalement on est toujours, en tant qu’artiste, dans l’entre deux. De la même manière que le sens singulier est toujours entre deux lettres.

Ségolène Thuillart est une artiste qui jongle avec les mots et leurs significations. Sa démarche artistique est un kaléidoscope qui diffracte le langage en diverses formes. Elle est tantôt la crieuse de Paris, tantôt performeuse ou s’adonne à la poésie sonore théâtralisée.
Son travail évolue comme un dictionnaire plastique qui est en perpétuelle expansion. Un peu comme lorsqu’on cherche la définition d’un mot, puis d’autre mot dans cette définition, puis un autre, puis un autre. Ou bien comme un enfant qui demande : « Et pourquoi? » après chaque réponse que vous lui apportez. Jusqu’a ce que quelqu’un lui réponde : « Eh bien parce que c’est comme ça ! ». Pas très Montessori comme réflexion, mais diablement efficace.

Ségolène a accepté de répondre à quelques questions pour Pigeons & hirondelles.

Frappé d'invisible, édition imprimée et frappée sur presse typographique, format A5, 4 pages, tirée à 50 exemplaires

"Frappé d'invisible" édition imprimée et frappée sur presse typographique, Format A5, 4 pages, tirée à 50 exemplaires. "Frappé d'invisible" laisse apparaitre avec subtilité la pauvreté de langage administratif.

       – Quelle est la dernière expo ou découverte artistique que tu as trouvé inspirante?

J’ai apprécié la performance et l’installation de Oliver BEER à la galerie Thaddaeus Ropac (exposition en cours dans la galerie du Marais).

       – Quel artiste as-tu le plus fait découvrir autours de toi? pourquoi?

Guy de Cointet. Car il a réussi à faire une « oeuvre d’art totale » en créant ses performances/pièces de théâtre.

       – Quels sont les artistes qui ont influencé ta manière de penser et de créer?

Guy de Cointet, Gherasim Luca, Bernard Heidsieck, Michelle Métail et Anne-James Chaton.
Je me rend compte qu’il y a beaucoup de poètes dans cette liste. Moi je me situe un peu ailleurs…

       – Quels sont les mauvais conseils que tu as reçus en école ou au début de ta carrière? 

L’art c’est comme la Star Académie : « t’en veux ou t’en veux pas ! Alors t ‘en veux????? »
Phrase étrange prononcée par un Galeriste quand j’étais encore étudiante aux Beaux-arts.

       – Quel conseil donnerais-tu a un étudiant  qui veut lancer sa carrière artistique? 

Je lui dirais de ne pas chercher pas à lancer sa carrière, mais d’arriver d’abord à rattraper ses idées au vol.

       – Que fais-tu quand tu es bloquée, que tu doutes de ton travail ?

Je sors de chez moi et je me balade. La réponse est dans la confrontation au réel, dans un regard, dans la phrase de mon voisin dans la métro, dans une file d’attente.

       – Y a t’il quelque chose d’un peu fou dont tu es seule à être convaincue?

Que le ciel, la page et le sol sont les parties d’un même élément qui aurait une forme de sablier : ils sont tous les trois des espaces de projections liés les uns aux autres.

       – Aujourd’hui, quelle serait ta définition de l’art?

« L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art. » C’est une phrase de Robert Filliou.

       – Si tu devais expliquer ton travail à des enfants de 4 ans, que dirais-tu?

Je suis un archéologue de la phrase, un détective du souffle, un poète de la mécanique humaine.

L'artiste contemporaine Segolene Thuillart lors d'une de ses performances.

Crédit photographique : Alexandre Minard

Ségolène présentera son édition lors de l’évènement PRJNT °2 à la galerie Métaxu. Entre le 1er et le 2 Février 2019, cette galerie organise un  atelier, un espace temps où l’on fabrique des fanzines et des petites éditions.

Pendant deux Jours, Metaxu se transforme, en un lieu de travail ouvert à tous les artistes, graphistes et aux étudiants de l’ESADTPM, un lieu où chacun revisite l’envie d’imprimer, faire la page, agrafer, coller, assembler, collaborer, discuter des formes… 😀

Et, si vous souhaitez recevoir notre newsletter, pour faire de belles découvertes artistiques, n’hésitez pas non plus!! on se retrouve de l’autre côté! 🙃

 

 

Crédits photographiques:

Portrait de Ségolène Thuillart :créditphoto Céline Nebor

Performances : créditphoto Alexandre Minard

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Exposition personnelle de l'artiste Louise Pressager à la galerie Laure Roynette.

Louise pressager

Ecrit par | Interviews d'artistes | Aucun commentaire
Rencontres d'artistes.

Chaque semaine, je rencontre un artiste et vous fais découvrir son univers!

Voici Louise Pressager. Ce qui me plaît dans le travail de Louise, c’est qu’il évolue loin de la morale. Son oeuvre pose un regard doux et ironique sur les travers humains. Elle combat la fatalité par petites touches, ( parfois) discrètes et quotidiennes. Cette artiste a exposé lors de notre première exposition collective en 2013…  Autant vous dire qu’on a le nez fin chez Pigeons & hirondelles! Louise a accepté de répondre à quelques questions, à la veille de son vernissage dans la galerie de Laure Roynette…

Je ne déparerais pas dans le "Dîner de cons".

Louise PressagerArtiste plasticienne

– Quel artiste as-tu le plus fait découvrir autour de toi?

Jean de Brunhoff, sans aucun doute, et son célèbre Babar ! J’offre les premiers albums, ceux des années 30, à chaque enfant qui nait dans mon entourage. Un bon prétexte pour les faire découvrir à leurs parents… Je suis totalement fascinée par Célesteville, cette cité utopique aux confins du communisme.

– Quels sont les mauvais conseils que tu as reçus en école ou au début de ta carrière?

Je n’ai pas suivi d’études d’art. Je me suis formée sur le tas, un gros tas très hétéroclite composé d’études de droit et de sciences politiques, de la monomanie plastico-artistique parentale (mes deux parents enseignent l’art), et de boulots alimentaires ennuyeux et frustrants mais propices à la rêverie… Je suis mal placée pour juger de s’il s’agissait d’un bon ou d’un mauvais conseil, mais lorsque j’avais vingt ans, l’un de mes professeurs à sciences po, à qui je disais mon regret de ne pas être artiste, a décrété qu’il était bien trop tard pour se lancer dans une telle carrière. Il m’a suggéré de rédiger une thèse de sociologie. Le hasard m’a empêchée de suivre son avis, mais je dois bien reconnaître que les sciences sociales alimentent ma réflexion artistique.

– Que fais-tu quand tu es bloquée, que tu doutes de ton travail ?

Pour éviter l’angoisse de la page blanche, le meilleur moyen pour moi est d’attendre que les idées tombent avant de me mettre devant une feuille de papier, et de ne surtout jamais espérer qu’un dessin surgisse du blanc comme par miracle. Quand je suis bloquée et que je doute de mon travail, j’arrête de travailler, tout simplement, et je me consacre à des activités extra-artistiques. D’où l’importance pour moi de toujours conserver une forme de vie parallèle, avec un travail dans un autre domaine. En ce moment par exemple, je travaille trois jours par semaine dans un hôpital psychiatrique. Pour moi l’inspiration est à trouver hors de l’atelier.

– As-tu une curieuse habitude ou une chose inhabituelle que tu adore ?

Je collectionne les moutons. Mes proches se moquent un peu mais se sont pris au jeu, si bien que je possède d’innombrables figurines exilées des crèches de Noël ou des boîtes de Playmobil pour venir se rassembler chez moi en un énorme troupeau. Je remplis également d’énormes classeurs d’articles et d’images sur ce thème. Avec cette passion ovine, je ne déparerais pas dans le « Dîner de cons ».

Oeuvre de l'artiste plasticienne Louise pressager

– Aujourd’hui, quelle serait ta définition de l’art?

Pour moi, l’art est à la fois la chose la plus futile et la plus importante dans une vie humaine. C’est comme la minuscule cerise confite au sommet d’une immense pièce montée : elle ne sert quasiment à rien, et pourtant, d’une certaine manière, tous les choux à la crème qui se trouvent en-dessous d’elle n’existent que pour la soutenir.

– Si tu devais expliquer ton travail a des enfants de 4 ans, que dirais-tu?

Je leur dirais que j’essaye de toutes mes forces de produire des images aussi belles et intéressantes que les leurs, mais que je n’y arrive pas et que de toute évidence je n’y arriverai jamais. Je leur dirais de continuer toute leur vie à dessiner le soleil en haut de leurs dessins, de ne pas apprendre la perspective et le dessin des ombres… Je leur dirais, comme je le fais avec les enfants de ma famille, que mes dessins sont à eux s’il veulent les colorier, les gribouiller, les rajeunir. Je leur dirais surtout que rien de tout ça n’est sérieux.

Y a t’il une question que tu aurais aimé que je te pose? Peux tu y répondre?

Oui, il y a une question que j’aurais aimé que tu me poses, et j’y réponds non.

Exposition personnelle de l'artiste Louise Pressager à la galerie Laure Roynette.

L’exposition personnelle de Louise Pressager est visible jusqu’au 23 Février dans la superbe galerie de Laure Roynette.  😀

N’hésitez pas à y jeter un coup d’oeil, elle vaut le détour. Et, si vous souhaitez recevoir notre newsletter, pour faire de belles découvertes artistiques, n’hésitez pas non plus!! on se retrouve de l’autre côté! 🙃

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