Rencontres d'artistes.
Chaque semaine, je rencontre un artiste et vous fais découvrir son univers!
Voici Louise Pressager. Ce qui me plaît dans le travail de Louise, c’est qu’il évolue loin de la morale. Son oeuvre pose un regard doux et ironique sur les travers humains. Elle combat la fatalité par petites touches, ( parfois) discrètes et quotidiennes. Cette artiste a exposé lors de notre première exposition collective en 2013… Autant vous dire qu’on a le nez fin chez Pigeons & hirondelles! Louise a accepté de répondre à quelques questions, à la veille de son vernissage dans la galerie de Laure Roynette…
”Je ne déparerais pas dans le "Dîner de cons".
Louise PressagerArtiste plasticienne
– Quel artiste as-tu le plus fait découvrir autour de toi?
Jean de Brunhoff, sans aucun doute, et son célèbre Babar ! J’offre les premiers albums, ceux des années 30, à chaque enfant qui nait dans mon entourage. Un bon prétexte pour les faire découvrir à leurs parents… Je suis totalement fascinée par Célesteville, cette cité utopique aux confins du communisme.
– Quels sont les mauvais conseils que tu as reçus en école ou au début de ta carrière?
Je n’ai pas suivi d’études d’art. Je me suis formée sur le tas, un gros tas très hétéroclite composé d’études de droit et de sciences politiques, de la monomanie plastico-artistique parentale (mes deux parents enseignent l’art), et de boulots alimentaires ennuyeux et frustrants mais propices à la rêverie… Je suis mal placée pour juger de s’il s’agissait d’un bon ou d’un mauvais conseil, mais lorsque j’avais vingt ans, l’un de mes professeurs à sciences po, à qui je disais mon regret de ne pas être artiste, a décrété qu’il était bien trop tard pour se lancer dans une telle carrière. Il m’a suggéré de rédiger une thèse de sociologie. Le hasard m’a empêchée de suivre son avis, mais je dois bien reconnaître que les sciences sociales alimentent ma réflexion artistique.
– Que fais-tu quand tu es bloquée, que tu doutes de ton travail ?
Pour éviter l’angoisse de la page blanche, le meilleur moyen pour moi est d’attendre que les idées tombent avant de me mettre devant une feuille de papier, et de ne surtout jamais espérer qu’un dessin surgisse du blanc comme par miracle. Quand je suis bloquée et que je doute de mon travail, j’arrête de travailler, tout simplement, et je me consacre à des activités extra-artistiques. D’où l’importance pour moi de toujours conserver une forme de vie parallèle, avec un travail dans un autre domaine. En ce moment par exemple, je travaille trois jours par semaine dans un hôpital psychiatrique. Pour moi l’inspiration est à trouver hors de l’atelier.
– As-tu une curieuse habitude ou une chose inhabituelle que tu adore ?
Je collectionne les moutons. Mes proches se moquent un peu mais se sont pris au jeu, si bien que je possède d’innombrables figurines exilées des crèches de Noël ou des boîtes de Playmobil pour venir se rassembler chez moi en un énorme troupeau. Je remplis également d’énormes classeurs d’articles et d’images sur ce thème. Avec cette passion ovine, je ne déparerais pas dans le « Dîner de cons ».
– Aujourd’hui, quelle serait ta définition de l’art?
Pour moi, l’art est à la fois la chose la plus futile et la plus importante dans une vie humaine. C’est comme la minuscule cerise confite au sommet d’une immense pièce montée : elle ne sert quasiment à rien, et pourtant, d’une certaine manière, tous les choux à la crème qui se trouvent en-dessous d’elle n’existent que pour la soutenir.
– Si tu devais expliquer ton travail a des enfants de 4 ans, que dirais-tu?
Je leur dirais que j’essaye de toutes mes forces de produire des images aussi belles et intéressantes que les leurs, mais que je n’y arrive pas et que de toute évidence je n’y arriverai jamais. Je leur dirais de continuer toute leur vie à dessiner le soleil en haut de leurs dessins, de ne pas apprendre la perspective et le dessin des ombres… Je leur dirais, comme je le fais avec les enfants de ma famille, que mes dessins sont à eux s’il veulent les colorier, les gribouiller, les rajeunir. Je leur dirais surtout que rien de tout ça n’est sérieux.
Y a t’il une question que tu aurais aimé que je te pose? Peux tu y répondre?
Oui, il y a une question que j’aurais aimé que tu me poses, et j’y réponds non.
L’exposition personnelle de Louise Pressager est visible jusqu’au 23 Février dans la superbe galerie de Laure Roynette. 😀
N’hésitez pas à y jeter un coup d’oeil, elle vaut le détour. Et, si vous souhaitez recevoir notre newsletter, pour faire de belles découvertes artistiques, n’hésitez pas non plus!! on se retrouve de l’autre côté! 🙃
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