Dans cette interview on parle d’art, de la position d’autodidacte, pas évidente, et bien sûr, de poésie!
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Cette artiste nous parle de la place l’artiste, des écoles d’arts, et de ses réflexions sur son métier, si particulier! Petit correctif : son collectif s’appelle Curry vavart !
Vous pouvez voir son travail prochainement au MODULE B. Étape IV
vernissage le 30 mars de 14h à 20:00 performances/interventions dès 16:00 .
Du 1 er au 5 avril de 14:00 à 19:00
74 avenue denfert rochereau 75014 paris
Porte 2 cour Robin – galerie hon/books
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La première fois que j’ai demandé à Rarès-Victor ce que représentait la peinture pour lui, il m’a répondu : « la peinture est une blague qui dure ». Peintre émérite, cet artiste contemporain ne cherche pas à entrer dans une case. Il cherche son « truc ». Rarès-Victor s’implique d’ailleurs profondément sur son territoire pour partager son travail et celui de ses collègues. Anecdote, mais non des moindres, il danse la funk comme personne. Je vous présente notre entretien :
”L’art aujourd’hui est une opération sur le sensible !
Rares-VictorArtiste plasticien
– Quelle est la dernière expo ou découverte artistique que tu as trouvé inspirante ?
Dernièrement je me suis senti porté par le propos de l’exposition « Peindre la nuit ». Le commissaire était Jean-Marie Gallais au Centre Pompidou-Metz. Ses recherches et préoccupations m’ont passionné et suivi dans tous mes travaux en cours. Il y a un terrain commun, le sujet même ‘’de la nuit’’ : je le développe personnellement depuis plus de dix ans !
J’ai fait une autre découverte artistique, mais cette fois-ci sans l’avoir vue in situ. Mon coeur a été touché par l’œuvre « Pleureuse » de Serena Carone. Oeuvre qu’elle a exposée au Musée de la Chasse et de la Nature de Paris.
– Quel artiste as-tu le plus fait découvrir autour de toi ? pourquoi ?
C’est certainement Markus Raetz. J’aime cet artiste. Il a fait quelques travaux qui sont marquants pour notre siècle où au moins pour sa génération. Marquant car il travaille simplement, modestement et certainement sans honneurs. Mais de temps en temps ses recherches et observations donnent un ressort incroyable et innovant. Le travail du dessin est pour lui similaire à ‘‘tracer un trait chaque jour’’. Un peu pour comprendre, un peu pour rester dans la pensée artistique…
– Quels sont les artistes qui ont influencé ta manière de penser et de créer ?
L’artiste qui a influencé ma manière de penser il y a plus de 20 ans est l’artiste roumaine Stela LIE. C’est elle qui m’a montré comment réfléchir sans blocage, et tâtonner pour trouver des solutions sans automatisme ( mais avec liberté et détermination…). Puis elle m’a parlé de Markus Raetz comme la forme la plus innovante de l’art contemporain : dessin, sculpture, installation, présentation des oeuvres… Tout un programme !
Cette ouverture m’a amenée à une autre, qui m’est chère : celle de l’atelier de l’artiste !
L’atelier, c’est l’artiste, à mi-chemin entre l’art, l’imaginaire, la science, l’innovation. A mi-chemin car il est le laboratoire pour ressusciter le passé, les techniques perdues et les plans utopiques d’un nouveau projet, d’une nouvelle aventure intellectuelle et sensible.
L’art aujourd’hui est une opération sur le sensible !
– Quels sont les mauvais conseils que tu as reçus en école ou au début de ta carrière?
Les conseils que je hais profondément sont ceux qui « coupent les ailes« . Je déteste la mise en garde sans mise en garde réelle. Celles de type ‘’fais attention’’… Elles veulent dire qu’il faut être attentif à quelque chose mais sans en savoir plus. C’est très limité, et ça nous dit finalement de faire attention à l’attention.
Alors pas d’ « attention! » sans nom chez nous. Je choisis l’amour protecteur et un réel soutien désintéressé et amical. Ça oui, quand vous voulez !
– Quel conseil donnerais-tu à un étudiant qui veut lancer sa carrière artistique ?
Faire des choses simples et les amener vers des situations complexes. Après un trait simple, un deuxième donne la loi tout en changeant la loi du premier trait. A un moment, la nouvelle loi est si belle, cohérente qu’elle mérite bien son socle d’œuvre , non ?
C’est un moment de grâce. Ceux qui l’ont vécu ne veulent pas le perdre. Le plus important est de suivre votre intuition sans avoir peur de tout changer, de tout refaire simplement et sans hésitation. Allez naturellement vers le complexe !
– Que fais-tu quand tu es bloqué, que tu doutes de ton travail ?
Quand je suis bloqué c’est souvent parce que je ne vois pas la suite. Les projets ont l’air de ne pas donner de solutions fiables au présent. C’est le signe du blocage complet.
Première étape : je dors. Je dors et je dors jusqu’à l’épuisement total. C’est le temps du rattrapage de sommeil.
Après c’est la deuxième étape : je range !
Je range et je range et je range jusqu’au moment ou mes projets se hiérarchisent peu à peu. Je « vois » l’intérêt de mes travaux, de mes projets, leur structure cachée mais honnête, juste, belle, discrète.
Quand les premières images apparaissent : je note ! Je note tout : idée, projet, défis, envies, etc… Tout sur toute chose , je trie par catégories, par temps d’exécution.
Puis : je fais ! Je fais, je fais et je fais… Le travail est débloqué ! Mais pour faire il faudra y passer un bon long moment !
Quand je suis bloqué je me demande : ‘’suis-je heureux ?’’ et ‘’est-ce que je me lève avec envie ?’’. Et si la réponse est négative, vous voyez la suite : je dors, je range, je vois, je note et je fais…
– De quelle manière un échec t’a préparé à une réussite ultérieure?
Généralement j’associe avec l’échec deux « trop » : trop tôt ou trop tard ! C’est dans cet entre-deux que nos actions sortent positives ou négatives. Quand je perds je sais que c’est ainsi : trop tôt pour le public ou trop tôt pour moi… Si c’est trop tôt pour eux je dois attendre le bon moment tout en préparant le terrain… Si c’est trop tôt pour moi je dois me préparer et évaluer si cela vaut la peine. C’est là, le dilemme !
Sur certains projets où j’ai demandé de l’aide, lorsque celle-ci arrive, je n’en ai plus besoin.
Et en même temps, quand une aide serait réellement bénéfique, on monte un dossier, on se plie aux règles. Mais on peut être refusé. Cette situation perverse et limitée : fuyez !
Pour tout projet qui réussit il y a un ingrédient : l’évolution à la fois psychologique et intellectuelle. Et quand on est confronté à cette situation, (et à des petites cellules nerveuses négativement chargées), il faut avancer. Il faut prendre le temps sans se faire un procès de conscience. Soyez sans remords !
– Y a t’il quelque chose d’un peu fou dont tu es seul à être convaincu?
Je suis persuadé que chaque personne est une cellule nerveuse, soit une très grande soit une grande avec des milliers de très petites. Ça change la conscience de soi : de sa taille, de son impact réel sur le monde. Nos actes sont frappés par cette empreinte…
Cela m’intéresse énormément ! Cette image de soi et de l’autre me paraît si unique que j’ai envie de la surprendre… J’arrive parfois à me soustraire de ma propre conscience pour admirer l’autre. C’est pourquoi je suis convaincu que je dois réaliser une œuvre avec chaque personne que je connais bien. Il y a quelque chose de guérisseur et révélateur. Cette création avec l’autre échappe totalement à la mode, au IN et même au OUT. Ma priorité est alors d’être juste. Je sais que ça à l’air prétentieux mais cela ne change en rien ma préoccupation. J’ai réussi à en faire quelques-unes… A voir la suite.
J’aimerais tellement que le monde contemporain arrête de me harceler sur ses objectifs éphémères ! Qu’il m’’aide à faire, à partir de moi, l’image de l’autre…
– Quel a été ton premier geste artistique ?
Apprendre à tailler un crayon pour pouvoir dessiner quand je voulais…
– Aujourd’hui, quelle serait ta définition de l’art ?
LE TRUC-ISME. On voit des « trucs » et on fait des « trucs ». Ce terme m’appartient, je crois ! J’ai commencé à écrire sur ce sujet il y 20 ans. A chaque fois que j’en ai parlé aux autres ils m’ont demandé d’arrêter. C’est le signe qu’il touche la relation entre œuvre et créateurs, c’est le dénominateur commun !
En quoi le TRUC-ISME est-il dérangeant ? Est ce un nom de courant artistique qui devient idéologique ? Je pense que c’est la synthèse du monde contemporain. Il confond les rapports et ce qu’il faut rapporter. On confond le général avec le particulier, comme on confond l’humain avec l’humanisme.
Cela crée un art de l’éclatement en disant que c’est « l’éclatant ». C’est de la confusion confuse. Une seule onde positive dans tout cela : ça cultive le malentendu. Le malentendu est une forme créatrice de l’art contemporain actuel ! Il justifie la bêtise, et être bête au même niveau que l’intelligence, c’est être intelligent. Ça décape, non ?
-Si tu devais expliquer ton travail à des enfants de 4 ans, que dirais-tu ?
Quatre ans : quand tu te réveilles, tu aimes retrouver les choses comme tu les as laissées, sans changement. Tu n’aimes pas les changements… Tu veux retrouver tout ce que tu as reçu de tes parents, de tes frères ou tes soeurs… et de tes amis. Tu veux toucher toutes ces choses chaque jour, tu veux les avoir près de toi, comme un monde secret. Tu l’organises à l’infini, toujours différemment. C’est comme un travail, une tâche quotidienne à faire. Le temps pour faire et défaire ne te préoccupe pas. Et les grands se moquent de toi, de ta patience infinie, de tes soucis liés à ces objets. C’est que ce besoin leur échappe. Mais toi, tu sens leur importance, tu entends leur appel. Vois-tu, quand tu es grand comme moi, tes objets sont devenus plus rares et plus chers encore. Peu sont restés prés de toi, et tu leurs demandes encore tout cela…
Quarante ans hier : tu ne peux plus rigoler seul de toutes les choses qui te paraissent drôles. Tu ne peux plus serrer les êtres dans tes bras sans leur demander leur accord. Il y a plein d’interdits, qui n’arrêtent pas de s’imposer et qui finissent par s’installer. C’est plus une barrière qu’un besoin.
Mais par l’art, le dessin, la peinture, tu peux toujours dessiner ta maman, ton papa, tes objets chéris. Tes idées vont devenir des mondes. Puis des inventions, les tiennes. Tu vas les accrocher aux murs de ta maison de grand. Chaque matin, tu te rappelles toute la chance que tu as de savoir ce qu’il y a derrière : la liberté de continuer à faire surgir d’une feuille l’invention qui va sauver le monde ; dessiner le beau corps d’une fille que tu aimes… Tu as appris à aimer ça quand tu étais petit et, devenu grand, tu ne dois pas l’oublier. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui tu dois continuer à dessiner pour notre monde ; trouver dans tes rêves les idées qui risquent d’être perdues à jamais. Mais qui, grâce à l’art, peuvent être plus que réelles !
Un enfant peut comprendre si bien qu’il n’y a rien de mal où honteux à dessiner un nu. C’est justement normal. Toute représentation n’est qu’un instant de monde possible. Cet arrêt net n’est possible que par l’art. C’est un arrêt innocent, un arrêt nécessaire car il construit le présent. Donc le futur !
– Y a t’il une question que tu aurais aimé que je te pose ? Peux-tu y répondre ?
La question que j’aurais aimé que tu me poses : Tu t’aimes ? C’est important de s’aimer comme personne et artiste ?
Réponse : OUI 😉
Rarès-Victor
Rarès-Victor expose son « trésor » au pôle bijoux de baccarat. C’est un lieu d’expérimentations qui vaut le coup d’oeil. L’exposition « L’amour des voyages » est visible jusqu’au 23 Juin 2019.
Si vous passez par là, allez y faire un tour,vous ne serez pas déçus.
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