Intérêt : comprendre les rouages qui ont conduit les changements du marché de l’art, de l’académisme du XVIII Siècle à aujourd’hui.
Au 18 ère siècle, il existait deux institutions qui avaient toute autorité pour valider une oeuvre : l’Academie des beaux arts et le Salon.
La première formait des artistes aux règles académiques et le Salon validait l’entrée sur le marché. Cependant, l’artiste pouvait vivre, une fois validé, grâce au marché de l’imitation. C’est sur ce marché que les artistes vendaient des tableaux plus petits comme des paysages et des portraits. Ils pouvaient s‘agir aussi de copies de maîtres pour pouvoir vivre.
Plusieurs facteurs vont accompagner l’effondrement de ce système : l’apparition de la photographie, du tube de peinture en métal, d’écoles d’art moins conservatrices, etc.
Suite à ses changements, la convention officielle n’impose plus des thèmes de peintures comme précédemment à l’académie. La règle devient l’originalité ( unicité, authenticité, nouveauté).
L’artiste transgresse les règles mais doit faire attention à ne pas franchir les limites pour rester dans la course. S’en suit la transgression du public, qui va rejeter l’oeuvre, puis celui des critiques et des institutions qui vont réhabiliter l’oeuvre, malgré le désaveu du public.
On passe de l’évaluation de l’artiste par l’oeuvre d’abord, à son évaluation par l’institution qui le soutient.
Pourtant, même si c’est le schéma validé par les institutions, tous les artistes et collectionneurs ne se plient pas à ce dernier.
Il existe dc plusieurs mondes de l’art.
4 ensembles d’artistes : les professionnels intégrés ; les franc-tireurs ; les artistes populaires de tradition ; les naïfs.
3 genres d’art actuels : le classique, le moderne et le contemporain.
4 marchés de l’art : le marché des chromos (ou décoratif), le marché des artistes en voie de légitimisation, le marché de l’avant-garde médiatisée ; et celui des talents consacrés.
Aujourd’hui, les artistes sont globalement sous le seuil de pauvreté. La majorité sont plasticiens en France et ce sont ceux qui gagnent le moins d’argent. Ils ont souvent un autre petit boulot. Sur le marché décoratif, les artistes gagnent mieux leur vie. Alors, pourquoi les artistes ne changent pas de carrière?
Il est difficile dans l’art de savoir si tu es mauvais ou pas. Le marché, le hasard, et les goûts évoluent. Il n’y a pas de signal clair.
Le collectionneur peut avoir plusieurs motivations. Il veut décorer son intérieur. Socialement, l’oeuvre d’art peut apporter une reconnaissance.
Soit parce que tu possèdes une chose rare, soit parce que tu possèdes une oeuvre chère.
En plus, les collectionneurs sont des découvreurs de talents.
Deux bénéfices apparaissent lorsqu’on achète une oeuvre d’art : l’émotion immédiate ressentie, et le plaisir de la connaissance dont on dispose sur l’oeuvre.
Le fait que les œuvres acquises prennent de la valeur n’est pas toujours un élément important qui pèse dans l’achat. C’est en revanche très souvent une satisfaction comme preuve sociale du flair de l’acquéreur.
Galeriste est un métier qui est apparut au moment ou la convention de l’art a changé. Les galeries ont un pied dans la création et un autre dans sur marché. Il existe plusieurs types de galeries. Cela va de la loueuse de cimaise à la mécène qui salarie ses artistes (rare aujourd’hui).
Les maisons de ventes aux enchères ne se sont intéressées à l’art contemporain que dans les années 60.
A 70%, ce marché est partagé par Christie’s et Sotheby’s.
Les pouvoirs publics jouent un rôle multiple en France avec des interventions directes : ils achètent des œuvres par l’intermédiaire des fracs, du fnac et des 1% artistique.
Les interventions indirectes sont la mise en place du droit de suite .il permet de récupérer un pourcentage de la vente d’une œuvre à chaque vente qui va à l’artiste ou ses aillants droits. Cependant 90% des œuvres ne sont vendues qu’une fois. Il y a aussi une fiscalité avantageuse pour le mécénat, mais la France n’est pas championne sur ce terrain.
Maintenant qu’on comprend mieux la convention d’originalité, comment se crée le prix d’une œuvre?
L’oeuvre est un bien unique mais on parle aussi d’artistes sous-côtés ou sur-côtés. C’est donc qu’il y aurait un prix normal…
Une oeuvre prend de la valeur quand le circuit marchand et le circuit de valorisation des œuvres s’imbriquent. Il se crée un « petit événement historique ».
La qualité du travail est validée par les experts ( personnalités du monde de l’art). Ils vont acheter une œuvres écrire une critique, etc.
Les artistes eux-mêmes peuvent être des prescripteurs. De même que les marchands, les collectionneurs, les conservateurs, critiques et commissaires d’expositions.
Les éléments de valorisation quantifiables sont les achats de musé et collections privées, les catalogues, monographies, critiques dans les revues d’art.
Tout ceci crée la valeur artistique. Mais elle est différente du prix.
Car ce dernier est fonction de l’ensemble des opérateurs du marché, il rentre donc en compte : les rumeurs, les liquidités disponibles au niveau mondial, l’ensemble des médias, la confiance en soi des acheteurs et le mimétisme.
Doncc pour la formation des prix d’une œuvre, il y a 3 facteurs. :
- la valeur médiatique et le bruit que fait l’artiste dans les médias autres qu’artistiques,
- le type d’oeuvres (Il y a plus d’acheteurs de pop art, que d’art minimal, par exemple),
- la convergence des signaux des instances de légitimisation ;
Mais, le marché de l’art est également propice à la spéculation. Car la valeur de l’oeuvre n’est pas fonction de qualités physiques. Ce qui veut dire que les professionnels entre eux peuvent jouer à gonfler des prix, sans même revendre à des collectionneurs. Ils jouent à la chaise musicale entre eux, et quand la musique s’arrête, quelques uns d’entre eux se retrouvent sans chaise.
Évidemment, tous les professionnels ne jouent pas à ce jeu. Cependant, pour un marchand qui est aussi critique et commissaire pour une institution officielle, on peut se poser la question de la valeur de son avis. (De quelle place parle t’il?)
Mais, en vérité, acheter de l’art pour gagner de l’argent est plus que hasardeux. Il ne rapporte pas sur le long terme, le plus souvent. Il nécessite de débourser pour les assurances, la restauration, le transport et la mise disposition.
Il existe cependant 3 stratégies si on souhaite investir dans l’art contemporain :
- la méthode de l’index (on surveille les prix d’un même groupe d’artistes),
- Les ventes répétées ( on surveille la progression des prix sur un échantillon d’oeuvres passées plusieurs fois en vente. C’est notamment efficace sur les multiples ),
- Les prix hédonistes ( cette méthode consiste à considérer l’ensemble des œuvres et d’en sortir des éléments quantifiables (taille signature, matières) et de se référer à » l’ indice de prix » correspondant ).
En règle général les placements en art sont à la fois plus risqués et moins rentables que ceux sur le marché financier traditionnel. Il peut y avoir des possibilités de très bien rentabiliser. Mais les statistiques affichent une forte probabilité de rendement faible.
Ceux des investisseurs qui se spécialisent et s’informent (sur un courant, une période, un sujet) peuvent voir leurs rendements sensiblement augmenter.
On retrouve aujourd’hui des œuvres qui se moquent du marché. La reproductibilité, l’éphémère et le monumental sont autant d’entraves au marché de l’art, qui doit se réinventer.
C’est le cas de la photo, des multiples et gravures qui font l’objet d’une réglementation mise en place progressivement (numérotation, valorisation de signature, etc).
Les performances et installations, également, qui sont des « oeuvres-service » et ne sont pas un bien patrimonial.
C’est pourquoi on voit apparaitre une hybridation des modèles économiques de l’art.
Il y a diverses possibilités de revenus pour les artistes qui créent ce type d’oeuvre. En général, les œuvres monumentales ou installations sont utilisées plus dans une optique de visibilité pour vendre d’autres œuvres, plus abordables, ou des dérivés (photographies, dessins préparatoires, études, etc). Le but est de capter l’attention.
Cela peut permettre aussi à l’artiste de créer des œuvres monétisables, et de garder les recherches et expérimentations pour des performances ou installations qui ne se laissent pas monnayer.
Il est possible également pour l’artiste d’emprunter au spectacle vivant ses modèles, en se faisant payer par cachets, droits d’auteurs, etc.
De même l’artiste pourra être rémunérer pour des livres publiés de son travail, ses films, etc.
Néanmoins cela va complexifier d’autant sa fiscalité.
Le passage sur le prix est toujours intéressant, car cela reste pour moi le principal sujet et cadrature du cercle de l’artiste, prétentieux ou manque de confiance.
« la formation des prix d’une œuvre, il y a 3 facteurs. :
– la valeur médiatique et le bruit que fait l’artiste dans les médias autres qu’artistiques,
– le type d’œuvres (Il y a plus d’acheteurs de pop art, que d’art minimal, par exemple),
– la convergence des signaux des instances de légitimation «
Oui, c’est toujours délicat de fixer ses prix. Dans l’entretien que j’avais eu avec Charles Calamel, il y évoque également des manières de se positionner par rapport à la vente de ses oeuvres. 🙂